Madagascar

Chiffres inquiétants sur la société JIRAMA (Jiro sy Rano Malagasy)

Perte financière mensuelle : 8 millions de $

Dépense en carburant : 115% des recettes

Besoin en carburant estimé avant appel d'offre (par la société même) : 1600 m3

Commande de carburant après appel d'offre : 5000 m3

Production non vendue : 35%

Recette pour la vente de 10% de la production : 40 milliards de $

(Source : Enquete du trésor public, Jirama : 115% du budget dépensé en carburant )

Émeutes meurtrières à la Sucoma Morondava

Il y a une semaine, le ministre de l’Industrialisation Jules Etienne Roland s’était rendu à Morondava en vue de régler les différends entre les employés grévistes de la SUCOMA et leur patron chinois. Ce dernier avait déclaré  même lors d’une conférence de presse que la situation revenait à la normale. Après quelques jours, le Premier ministre Kolo Roger a fait le déplacement dans la capitale du Menabe afin de débloquer aussi la situation. Mais visiblement leur mission a failli, l’affaire a abouti à une destruction importante de l’unité sucrière.

Dans la matinée du 10 décembre dernier, 300 agents de l’usine sucrière SUCOMA s’étaient rassemblés sur place pour réclamer la suspension sans condition de la mesure disciplinaire dont certains de leurs collègues ont fait l’objet. Trente minutes plus tard,  trois meneurs de grève ont été arrêtés par des éléments de l’Emmoreg. Ce qui a mis le feu aux poudres. Leur mécontentement était tel que les contestataires s’étaient rués vers la caserne du groupement de gendarmerie où les trois ouvriers ont été emmenés. Vers l’après-midi, ce fut l’escalade où les contestataires ont tenté de faire le forcing pour pénétrer dans la caserne. Ils y ont emmené deux poids lourds afin d’en constituer des remparts tandis que certains manifestants ont porté un fusil de chasse mais aussi des armes blanches. Après quelques tirs en l’air de sommation, les éléments des Forces de l’ordre ont alors visé dans les roues des deux poids lourds alors que les émeutiers se trouvaient à quelque 40 mètres de la caserne. S’en était suivi alors un violent accrochage au cours duquel un émeutier a trouvé la mort tandis que 10 autres furent blessés. Mais le bilan fut assez minime côté Forces de l’ordre au sein desquelles un policier et un gendarme furent blessés après qu’ils ont été caillassés à l’aide des frondes des émeutiers. Après un certain moment, les émeutiers furent dispersés et refoulés vers l’Est dégageant totalement ainsi le périmètre de la caserne. Au moins 6 personnes ont été tuées dont 2 étudiants et une dizaine d’autres blessées.

L’entrepôt de cette société à Betsipotika, situé à une trentaine de kilomètres de ville, a été ensuite assailli par une horde de pilleurs et de vandales. Le centre de maintenance de l’usine a été au passage incendié. « Les Chinois de la Sucoma ont quitté Morondava dans la nuit de mercredi à jeudi, aux alentours de minuit », indique Aurélien Raheriniaina, délégué du ministère de la Communication dans la région Menabe. «Après leur départ, le site de la Sucoma à Betsipotika a été pris d’assaut. Dès la matinée, des sacs de sucre dérobés dans l’entrepôt ont été transportés à dos d’homme. Vers midi, les assaillants ont décuplé. Ils ont utilisé des calèches, des brouettes et des charrettes. Dans l’après-midi, des véhicules transportant des cargaisons de sucre ont fait des allées et venues entre l’usine et Morondava », ajoute-t-il sur cette même lancée. Les flammes ont commencé à s’emparer du centre de maintenance de la Sucoma en fin de matinée aux alentours de 11 heures. Dépêchés sur place, les éléments des forces de l’ordre ont sécurisé le site sans pourtant parvenir à arrêter les pillages. Alertés, les sapeurs-pompiers sont venus à la rescousse aux alentours de 14 heures. Sur la route menant à Morondava, la gendarmerie a intercepté des véhicules pleins de sacs de sucre à craquer.

En somme, le bilan est lourd, plus de 5 tonnes de sucre ont été pillés. Les matériels roulants, tracteurs et autres engins, ont été également détruits lors des émeutes de ces deux dernières journées. Sans compter le bloc administratif de l’usine ainsi que la résidence des Chinois et de quelques cadres nationaux de la SUCOMA. Les dégâts matériels se sont chiffrés à 80 millions de dollars. En outre,  2 000 emplois permanents et saisonniers sont perdus.